L’Opinion a lancé lundi un appel pour défendre la voix des libéraux et des entrepreneurs dans le grand débat national. Pour y participer, déposez vos propositions iciToutes vos contributions seront publiées sur notre site (avec votre nom, prénom ou pseudonyme et le cas échéant, votre profession), à l’exception de celles qui contreviennent à la loi ou aux règles élémentaires de courtoisie. Une sélection paraîtra également dans le quotidien l’Opinion.

Il y a un absent dans le Grand débat national, c’est le travail ! Etrange lorsqu’on sait que le chômage est la préoccupation première des Français depuis la crise de 2008 et combien il est difficile pour nombre d’entre eux de vivre dignement de leur activité. Encore plus lorsqu’on mesure combien notre façon de travailler a changé. Le travail est au cœur de la crise de notre contrat social et pourtant on évacue pudiquement le sujet, on n’en parle pas, comme s’il était trop explosif. Quel curieux pays, cette France dont le Président veut réformer les allocations chômage et les retraites mais ne se penche pas sur une véritable réforme du travail. Quel curieux pays, cette France des Gilets jaunes qui semble subir les transformations sans vouloir ou pouvoir y prendre part. Comme si on préférait traiter les symptômes – la perte d’emploi, la fin de l’emploi – plutôt que de s’attaquer à l’essentiel.

La réalité a pris de l’avance sur notre vision de la société du travail. Le changement est palpable, il se mesure au quotidien des Français : aujourd’hui, on n’a plus forcément un seul emploi dans une vie mais plusieurs, sous plusieurs formes. On peut être successivement employé d’une entreprise, indépendant, microentrepreneur, travailleur de plateforme, en portage salarial, etc. On peut même être tout ça à la fois, comme ces slashers qui cumulent sur leur CV plusieurs activités, côte à côte. Cette mutation profonde pose des questions qu’il est urgent d’affronter : quel statut pour ces travailleurs d’un nouveau genre ? Quelles protections ? Quelle retraite ? L’absence de réflexion collective autour de ce sujet est dangereuse pour l’avenir de notre contrat social et celui de nos enfants.

En quinze ans, nous sommes passés de deux millions de libéraux ou microentrepreneurs à près de huit millions de personnes considérant comme travailleurs indépendants. S’il était réellement porté, soutenu, accompagné, le travail indépendant, sous toutes ses formes, pourrait doubler dans les années qui viennent. Qui veut se passer, dans un pays miné par le chômage, de l’apport de millions de travailleurs supplémentaires, de leur consommation, de leurs impôts et de leurs cotisations sociales ? Cette dynamique permettrait de répondre à une exigence des entreprises de toutes tailles : plus de flexibilité. Faire appel à des indépendants ponctuellement représente une solution de recrutement souple. C’est déjà ce que font les plateformes. Comment avancer dans la société numérique qui s’installe avec les normes de la société industrielle d’après-guerre ?

Or il y a aujourd’hui une inadéquation entre la réalité et la législation du travail. Il faut créer non pas un droit du travail – centré autour du sacro-saint CDI – mais un « droit de l’activité » qui englobe toutes ces réalités, les encadre et les sécurise. C’est le premier des chantiers qu’il faut ouvrir, presque le seul, tellement il nécessite une profonde révolution culturelle. Monsieur le Président, vous avez entamé votre quinquennat sous le signe du travail, ne faiblissez pas !