Avec une sphère publique qui représente 58% du PIB et 5,6 millions de fonctionnaires surreprésentés au Parlement, notre pays n’est-il pas plombé par son administration et des syndicats aussi peu représentatifs qu’arque boutés sur leurs avantages ? Une question tabou en France… depuis 40 ans.

Pourquoi n’arrive-t-on pas à réformer notre pays?

Le poids de l’administration dans la vie économique pénalise-t-il le développement dans notre pays ? Aurélien Véron : Les administrations publiques pénalisent doublement l’activité de la France. Elles ponctionnent les ressources des ménages et des entreprises par un taux de prélèvements obligatoires excessif. Ce fardeau bride l’investissement et limite le capital disponible, ce qui pèse lourdement sur l’emploi.

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Guillaume Cairou : Les exemples sont légion. Ainsi, aujourd’hui, 400.000 nonnes administratives pèsent sur les entreprises et collectivités territoriales. Créées pour assurer notre sécurité ou encore pour protéger la faune et la flore, il devient cependant urgent d’agir contre leur prolifération. En France, une norme qui se crée ne veut pas dire qu’elle est remplacée. Le respect des normes coûte 60 milliards d’euros aux entreprises. Trop lourde, la réglementation administrative décourage la création d’entreprise, entrave l’innovation, nuit à la compétitivité. Leur disparition permettrait une simplification de la vie des entreprises, de quoi les rendre à la fois plus compétitives et créatrices d’emplois.

Quelles sont les fonctions qui seraient mieux gérées par le secteur privé ?

Aurélien Véron : Tous les ans, des écoles totalement privées – à but non lucratif – naissent pour répondre aux attentes de parents désespérés par le niveau actuel de l’enseignement public. Les cliniques privées prennent le relais d’hôpitaux publics en difficulté. L’arrivée de la concurrence dans les bus longue distance et dans le secteur du transport individuel – avec les VTC et le covoiturage – bouleverse nos modes de déplacement. Même dans le domaine régalien, le secteur privé tient une place importante. Le nombre de vigiles dépasse depuis des années le nombre de policiers. L’arbitrage offre une alternative à la justice – débordée et manquant cruellement de moyens – dans le monde des affaires. Bref, aucune fonction n’échappe à ce grand contournement de citoyens qui construisent une société providence pour pallier la faillite de l’État providence.

L’État doit admettre qu’il ne peut être à la fois arbitre et joueur sur le terrain, et rendre le ballon aux acteurs privés afin de les laisser jouer. Bien qu’imparfaite, la concurrence est le seul mécanisme sain au service du consommateur, même dans les domaines fondamentaux comme celui de l’école pour lequel des solutions, comme le chèque éducation, garantiraient l’instruction publique pour tous, même dans un cadre privé.

Xavier Fontanet : La caractéristique des bonnes entreprises est de savoir quitter ce qui n’est pas vraiment au cœur de leur métier. Elles sortent en général largement renforcées par cette décision. Que notre État s’inspire de ces bonnes pratiques et ne se trompe pas : sa tâche est régalienne ! C’est elle qui permet de situer le pays sur l’échiquier mondial et le protéger des agressions extérieures. Sur le plan intérieur, il s’agit de faire respecter la liberté, mère de l’initiative, et la défense delà propriété, mère de la motivation.

C’est aussi savoir établir un climat de confiance qui permet à chaque citoyen d’épanouir ses talents. Il y a beaucoup à faire ! Un État régalien ne devrait pas être actionnaire de sociétés cotées. Si l’État détient le capital, c’est le gouvernement qui a la main sur la politique des participations ; or il change à peu près tous les deux ans. Cette instabilité ministérielle est-elle compatible avec la continuité dont ont besoin les entreprises ?